samedi 26 mai 2018

De la longueur

il ne sera point question ici
car elle n'existe pas vraiment
de la lenteur plutôt
car c'est elle que j'aime en tout
résolument

il fallut au père de mes enfants
vingt ans
pour que j'accepte d'envisager
de faire
de temps en temps
la grasse matinée
tellement j'étais tendue
j'étais incapable de savourer l'instant présent

je lui rends grâce de m'avoir appris cela

il fallait que j'apprenne la lenteur
je crois
sincèrement

élevée dans le mythe de Mr Pump
qui ne prenait le temps pour rien
du tout très très rapide
j'appris enfin à me poser
à 40 ans j'y parvins donc
c'est déjà ça

merci infiniment pour cet enseignement
ce désapprentissage

j'ai appris
par la suite
la lenteur dans les mouvements

avec un être
qui me permet de me mouvoir
à mon rythme à moi
une confrontation très pacifique
qui m'aide à prendre conscience
de la lenteur bénéfique du mouvement

avant
je ne connaissais pas mon rythme intrinsèque
on m'imposait un  rythme
dans les moments intimes
et je suivais ou pas

et je suis allée à la rencontre de moi
à travers un être qui me permet d'être vraiment moi
dans ces moments-là

et j'ai compris que je peux être volcan
tout comme je peux être cette fourmi-là
qui fait de microscopiques mouvements
dans le microcosme
de son intimité

plaisir suprême
qui déclenche à son tour
le volcan en moi

quel chemin pour parvenir à cela
à cette reconnaissance de ce rythme gravé en moi
que je ne connaissais pas
que je ne pouvais envisager même
ne sachant rien
dans mes mémoires enfouies
d'événements déplacés
aliénants
salissants

je les enlève
chaque fois que je vis cela
et laisse place
à la vie en moi

merci pour cette écoute tendre

jeudi 8 mars 2018

Tes jambes


un mois plus tard
sont redevenues elles-mêmes
tu n'as plus besoin d'anesthésier les tensions qui les occupaient
dans un bain brûlant une heure par jour
comme tu l'as fait pendant des dizaines d'années
chaque fois que tu en avais la possibilité
non
tout à coup
tu sors du bain bien plus tôt
tu te demandes comment il fut possible que tu aies eu besoin
de les anesthésier pendant autant de temps
d'anesthésier la vie
les souvenirs en elles
les tensions qui surgissaient n'ont plus lieu d'être
car tu as écouté ce que voulaient te dire tes jambes

va
va ailleurs
ne te retourne pas

tu n'es pas faite pour souffrir
être humiliée

tu es faite pour respirer
et tes jambes
désormais
respirent
et n'ont plus besoin d'être anesthésiées

il se peut qu'encore elles tremblent
mais ce sera de joie
heureusement
il n'y a pas d'anesthésie pour la joie
il y a le printemps
et les bas

vendredi 2 février 2018

C'est étonnant

Rodin


d'avoir le cœur qui s'ouvre en grand
et se remplit d'une énergie toute neuve

après avoir reçu tant
et tant

j'ai enfin déménagé
d'un psychodrame
qui me terrifiait
et dans lequel
j'étais un objet

objet qu'on exhibait
dont on se disait fier
et dont on se plaignait
que l'on mettait sous pression
et que l'on salissait
et si je parlais
on me salissait encore plus

j'ai quitté ce psychodrame
et la peur
qui m'habitait depuis toujours me quitte

c'est très étrange
il y a de la place
pour tant d'autres choses en moi

celui qui me faisait peur
ne me fait plus peur
j'étais terrifiée

pour que je me sois passionnée pour le peau à peau
et l'intimité saine des tout-petits
il fallait que j'en aie vécu l'opposé

pour que je m'approche du sexe sacré
il fallait que j'aie ressenti la pourriture
d'un toucher immonde qui me fut imposé

pour n'avoir été entendue dans mes ressentis et protégée
j'ai appris à voler
à dialoguer par télépathie
et approcher le sens du mot aimer

le voyage est joli
parce que je guéris

j'ai déposé le merdier




dimanche 28 janvier 2018

Ecoute

écoute

oui ?
c'est pour quoi ?

c'est pour accompagner
de mots
ce que l'on vit

oui
ça a mis le temps

oui

pourquoi tu crois ?

entre l'incertitude
de ce que l'on vivait
la peur de comprendre que c'était vrai...
on n'a pas osé se parler

alors on peut ?

oui, tout à fait

les mots, c'est du toc ?

parfois oui, parfois pas du tout

on a le choix en fait

le toc, ça ne m'intéresse pas

je sais

je ne reprends pas l'histoire
pas à zéro
ce serait compliqué

ce serait impossible

on n'avait pas de mots

on ne savait pas

je crois que je vais dire "rideau"
mais ça veut dire quoi ?

on peut faire douze coups sur un plancher
suivis de trois autres

et puis ?

je ne sais pas

on peut inventer
un autre épisode

c'est un peu l'inconnu

mais c'est pas grave


samedi 13 janvier 2018

A quel âge



peut-on passer la rivière ?

Quelle est la limite entre ceci et cela ?
J'ai passé tant de temps à aligner
les morceaux de moi
à les ranger
et parfois
ça explosait
autour de moi
et je  réorganisais
les morceaux
après
tout doucement
ce n'était pas parfait
mais je m'appliquais
chaque fois
quand ça explose
je range
je réarrange

faut-il vivre seule ?
faut-il être esseulé pour comprendre la vie ?
pour comprendre qu'on n'est jamais seule
au fond de soi
qu'on est accompagnée
vraiment

faut-il être seule
pour comprendre qu'on ne l'est pas ?
faut-il être accompagnée
pour comprendre qu'on est appelé à faire des choix ?

que l'accompagnement n'est pas toujours le meilleur choix
sauf celui que rien n'empêche
parce que toujours
le cœur va
où il se sent appelé







vendredi 12 janvier 2018

Un jour

je te parlerai
de la lenteur
qui est celle
que l'on connaît
et qui n'est pas un problème
ou même
peut-être
un immense avantage
une avance
dans le temps
sur tout le reste
car
rien n'est décalé
tout est en rythme fou
extrêmement lent
cadence étonnante
où chaque sensation
est ressentie
en détail infini
suis-je dans mon corps
ou ailleurs
dans un autre moi-même
qui est où j'ignore
vivre en dehors de soi
un ailleurs
que l'on ne connait pas
ou que l'on connait comme ça

jeudi 11 janvier 2018

La protection



douce

en mot
à mot

glisse
doucement

dans l'oreille
pour que respire

une douceur
infinie

mercredi 10 janvier 2018

J'ai débarqué



à l'invitation de C.
après l'entracte

dans un concert
qui s'est avéré être
une lecture de texte
qui parlait de sexe et d'amour
accompagnée d'une musique splendide

c'était comme un rêve
devenu réalité
sous mes yeux
à mes oreilles enchantées

c'était hier

allô allô
ici la terre

L. m'appelle souvent
de cette manière

allô allô
ici la terre

il y a donc de la lumière

dimanche 7 janvier 2018

Au-delà des blessures

nées du manque d'amour
est la possibilité de grandir
de guérir
pourquoi grandir ?
pourquoi guérir ?
peut-être parce qu'on peut choisir de le vivre

ce n'est pas facile d'imaginer que l'on puisse guérir
de blessures si profondes
si violentes
que la froideur
les coups
les arnaques aux sentiments
les tornades de douleur
qu'on a acceptées parce qu'on ne trouvait pas comment faire autrement
parce que c'était arrangeant
et bien agréable
de camouflage en camouflage
on se croyait en sécurité
on parvenait à s'en convaincre
un peu
vraiment

il y a un possible
au-delà de tout

guérir
aimer
c'est la même chose
aimer
guérir
aussi

j'aime guérir dans ces conditions-là
qui sont au-delà de l'amour tellement rempli de conditions
dans lequel j'ai ouvert les yeux
les oreilles
et n'ai pu les croire
et ai dû les boucher
pour survivre

il y a l'amour
qui ne guérit pas les blessures qu'il ne peut comprendre ou entrevoir
il y a l'amour qui guérit celles qu'il comprend et aime comprendre  et voir

il y a les mots qui blessent
il y a les mots qui nient
il y a les mots qui n'osent dire
il y a les mots qui disent tout

jeudi 4 janvier 2018

Lorsque

le temps est lent
et irradie
tout mon corps
d'une détente immense

que l'éclatement
encense
ce qui reste de moi
en un immobilisme aigu

espacé
de temps à autre
par des saccades minuscules

et que j'erre
dans l'immobile
sensation
d'être moi

innervée
par l'être
qui en moi
éveille cela

mon ampoule
allumée
dans la nuit

je suis